Récit d'accouchement : de traumatisant à miraculeux
En tant que Doula, des accouchements, j’en ai vu de toutes sortes. Le miracle de la vie est mon quotidien et j’ai souvent constaté le lien direct entre les émotions de la maman et le bon déroulement de l’accouchement. D’ailleurs l’un des plus grands spécialistes de la physiologie de l’accouchement dit « La principale préoccupation des professionnels de la santé devrait être de protéger l’état émotionnel des femmes enceintes » (Odent, Césariennes : Questions, effets, enjeux, 2005). C’est pourquoi j’aimerais vous raconter l’histoire d’Alex…

Depuis le début de sa grossesse, Alex a une peur bleue que bébé décède dans son ventre. Elle a cette idée qu’il n’y est pas en sécurité. Plus la grossesse avance, plus cette idée devient une obsession, tellement qu’elle en vient à supplier son médecin de la déclencher. Vu son état émotionnel instable, son médecin accède à sa demande à 40 semaines de grossesse. Pour celles qui s’y connaissent un peu en accouchement physiologique, je ne vous apprends rien en vous disant que plus la maman a peur, moins son corps va coopérer. Malgré les deux cervidils et plus de 24h de mini contractions, le col est bien fermé. On passe donc au ballonnet qui tombe par lui-même quelques heures plus tard. Habituellement, quand le ballonnet tombe, le col est à au moins 3 cm, ce qui est suffisant pour commencer la médication qui provoque les contractions.
4h plus tard, première vérification de col : il est fermé. OUTCH. Fermé ? Comment est-ce possible ? Son corps lutte tellement qu’il a refermé le col suite à l’ouverture mécanique créée par le ballonnet, et ce malgré la médication. Clairement son corps n’est pas réceptif. J’en profite pour parler au médecin en privé et lui parler de mes craintes : le cerveau est plus fort que tout et s’il n’est pas mis en « pause » et/ou si la maman sécrète des hormones de stress, celles-ci vont contrebalancer les effets de l’ocytocine. L’ocytocine est la seule capable de créer les contractions. Trop de stress = pas d’ocytocine = pas de bébé. Le médecin est d’accord avec moi et d’un commun accord, nous lui proposons de retourner chez elle.
Après plus de 32h à l’hôpital, il est hors de question pour elle de retourner à la maison. On fait donc tout notre possible pour détendre la maman : bain, lumière tamisée, musique douce, etc. Malgré cela, ils doivent réinstaller un deuxième ballonnet, qui lui fonctionne assez pour leur permettre de rompre la poche des eaux. Au moment de la perte des eaux, elle en est enfin à 3 cm de dilatation, 60% effacé. Avec une maman fatiguée et la perfusion maximale, elle demande rapidement la péridurale. Comme je la comprenais. Je souffrais avec elle ; je souffrais de voir cette maman qui avait si peur qu’elle forçait la sortie de bébé avec des moyens au combien plus douloureux qu’à la norme. Nous avons même demandé à voir une psychologue, mais il n’y en avait pas de garde la nuit.
5h